Secourir la faune en détresse

Le diagnostic : l’animal est-il réellement en détresse ?

De trop nombreux animaux sauvages sont recueillis et amenés en centre de sauvegarde sans réelle cause de détresse. Aussi, avant d’agir, assurez-vous d’abord que l’animal est bien en situation de détresse. Prenez le temps d’observer, de regarder l’environnement dans lequel vous l’avez trouvé.

Par exemple, un jeune oiseau trouvé au sol n’est pas forcément en détresse. Un oisillon bien emplumé, qui sautille au sol mais qui ne vole pas encore, peut soit avoir quitté son nid trop tôt soit être à quelques jours de son envol. En attendant le retour des parents partis chercher sa nourriture, s’il se trouve en un lieu très exposé (chats, routes), il peut suffire de le mettre en sûreté sur une branche à proximité immédiate et de guetter le retour des parents à bonne distance. De même, pour un oisillon en duvet ou peu emplumé tombé du nid, l’objectif sera toujours de le replacer dans son nid : les chances de survie du petit seront bien plus élevées avec ses véritables parents que dans un centre de soins > consulter le protocole de replacement d’un petit élaboré par la LPO

Idéalement, ne recueillez un animal que s’il est manifestement blessé (aile pendante, trace de saignement, impossibilité de se tenir sur ses pattes). La majorité des animaux sauvages craint l’homme. Oiseaux et mammifères s’enfuient instinctivement à son approche. Un individu adulte qui reste immobile est vraisemblablement malade, affaibli ou blessé. Incapable de se défendre, il s’expose à la prédation par d’autres animaux et à des dangers divers (faim, déshydratation, épuisement…) : intervenir s’impose !

Au moindre doute, le bon réflexe est de contacter la plateforme SOS Faune sauvage Bretagne : un service de médiation téléphonique dédié à la prise en charge des animaux sauvages blessés et en détresse. Elle répond 7 jours sur 7, de 9h à 18h, et organise si nécessaire les transferts d’animaux vers les structures adaptées (centres de soins, cliniques vétérinaires partenaires) : 02.57.63.13.13 – contact@sosfaunesauvage.bzh

 

L’animal est réellement en détresse : comment intervenir ?

Cas des oiseaux :
  • Protégez-vous, faites bien attention aux serres des rapaces et aux coups de bec des échassiers. Utilisez des gants dans la mesure du possible et soyez vigilant aux mouvements de votre tête et de celle de l’oiseau.
  • Capturez-le avec prudence, précautions et sans précipitation, à l’aide d’un tissu épais (serviette, vêtement…). Dans l’obscurité, l’oiseau se calmera. Maintenez-lui les ailes collées au corps et la tête cachée. Ne jamais bloquer ou fermer le bec d’un oiseau avec un élastique ou du ruban adhésif : quelques espèces d’oiseaux ayant les narines à l’intérieur du bec, vous risqueriez de l’étouffer.
  • Veillez à ne jamais l’exhiber, ce stress supplémentaire risquerait d’aggraver son état.
  • Ne lui donnez ni à manger ni à boire : vous risqueriez de l’étouffer ou de lui donner une nourriture inadaptée.
  • Placez-le dans un carton, ne le mettez pas en cage, il risquerait de se blesser davantage.
  • Isolez-le en attendant de le transférer vers une structure habilitée. Placez-le au calme dans une pièce tempérée.
  • Contactez immédiatement la plateforme SOS Faune sauvage Bretagne.
Cas des mammifères terrestres :

Le protocole est le même que pour les oiseaux : protection de l’opérateur, précautions au moment de la capture, ni eau ni nourriture, isolement au calme dans un carton, aucune exhibition.

Avec les mammifères, les gants sont obligatoires, même pour les hérissons et les chauves-souris, pour vous protéger des morsures, griffures et éventuelles maladies.

Au moment de la capture, ne tenez jamais les Gliridés (famille des loirs, lérots et muscardins) par la queue qui est fragile et pourrait se détacher. Soyez vigilants à ne pas casser les ailes des chauves-souris qui sont très fragiles.

Pour bien analyser la situation et appliquer les bons gestes adaptés aux différents cas rencontrés, consulter le guide « Secourir un animal en détresse, les premiers gestes pour aider la faune sauvage » élaboré par la LPO.

 

Le cas particulier des échouages de mammifères marins

Si vous observez un mammifère marin échoué sur une plage, qu’il soit mort ou vivant, le premier réflexe doit être de contacter l’Observatoire PELAGIS qui coordonne le Réseau national échouage (RNE). La ligne téléphonique est ouverte 7 jours sur 7 : 05.46.44.99.10

Pour éviter tout stress ou mauvaise manipulation pour l’animal, et tout risque de blessures ou de pathogènes pour le sauveteur, il ne faut en aucun cas intervenir seul. Les agents de PELAGIS vont analyser la situation et organiser les opérations de sauvetage si l’animal est vivant ou d’évacuation si l’animal est mort.

Titulaires d’une carte verte, les 500 correspondants du RNE sont des agents des associations naturalistes, des collectivités ou des organismes d’État, formés à la tranquillisation et la remise à l’eau des animaux, ainsi qu’à la réalisation de prélèvements biologiques sur les cadavres.

En attendant l’arrivée des pompiers et des correspondants du RNE, il convient d’empêcher les curieux d’approcher. Selon l’état du cétacé, il pourra vous être demandé de réaliser un arrosage prudent : ne jamais couvrir, ni arroser son évent (orifice de respiration au sommet de la tête), ne jamais maintenir l’animal sous l’eau.

Pour les phoques, l’analyse préalable par PELAGIS est essentielle car tous les individus échoués ne sont pas en difficulté. Les phoques passent en effet la moitié de leur temps à terre pour se reposer, se reproduire et muer. Seuls les jeunes individus fatigués, amaigris ou blessés sont réellement en situation de détresse.

 

Cas de force majeur : nourrir sans faire mourir

L’acheminement d’un jeune oiseau ou mammifère vers un centre de soins n’est pas possible dans un délai raisonnable et l’animal risque de mourir de faim : ne faites pas n’importe quoi et prenez conseil auprès d’un centre de soins sur la nourriture d’urgence à fournir en fonction de l’espèce et de l’âge de l’animal, et sur le moyen de l’administrer.

Exemple de mauvais geste : donner du lait en poudre pour chaton ou du lait de vache au biberon à un jeune écureuil : ces laits ne sont pas digestes pour l’écureuil et l’usage du biberon peut entrainer des fausses routes avec des conséquences graves (le lait introduit dans les poumons peut causer une infection pulmonaire et à terme la mort du petit). Le bon geste est de donner du lait de chèvre frais (aujourd’hui très facile à trouver en grande surface) avec une seringue. La fréquence et la quantité dépendent de l’âge. Avant toute intervention, vous pouvez essayer de contacter Le refuge de l’Écureuil roux pour des conseils à distance : 06.70.62.93.46.

Chez les oiseaux, ne jamais donner de pain quelque soit l’espèce, ni des asticots vivants qui ne meurent pas immédiatement dans les voies digestives du petit et peuvent les endommager en essayant de sortir. Au centre de soins, la nourriture de convalescence est fonction de l’espèce et de l’individu, mais à la maison la nourriture d’urgence qui risque le moins de causer des problèmes est l’alimentation de sevrage NutriBird A21 pour oisillons (désormais trouvée dans la plupart des animaleries / jardineries), administrée à la seringue.

Ces interventions d’urgence ne doivent en aucun cas vous inciter à garder l’animal (interdit par la loi) ou à retarder sa prise en charge : la procédure reste l’acheminement vers une structure spécialisée le plus vite possible.

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