Anodines les déjections canines ?
Les déjections de nos compagnons à quatre pattes abandonnées dans les espaces naturels agacent nombre de promeneurs, mais beaucoup ignorent qu’elles représentent aussi une menace pour la biodiversité.
Riches en azote et en phosphore, les excréments et l’urine des chiens entrainent un enrichissement du sol. Cet apport en nutriments profite aux plantes nitrophiles mais perturbe les nombreuses espèces de plantes à fleurs qui se développent sur les sols pauvres. Pour maintenir la diversité floristique dans les espaces naturels ouverts, on pratique justement la fauche avec exportation afin de réduire les apports en nutriments. Exportés en dehors du site ou déposés en périphérie de la parcelle, les produits de la coupe ne viendront pas enrichir le sol lors de leur décomposition.
Une étude publiée en février 2022 révèle l’ampleur du phénomène. Des chercheurs ont analysé la terre de forêts, prairies et zones humides dans plusieurs espaces naturels autour de Gand, en Belgique. La sur-fertilisation des sols par les chiens atteint des niveaux d’azote et de phosphore illégaux en agriculture. Selon les scientifiques, les déjections canines génèrent chaque année 11 kg d’azote et 5 kg de phosphore par hectare !
Autre impact peu connu, ces excréments peuvent dégrader la qualité des eaux de baignade. Durant l’été 2021, en Côtes d’Armor, certaines plages de Pleubian et de Plérin ont par exemple été fermées à la baignade pour cause de bactéries fécales d’origine canine.
Pour les personnes en charge de l’entretien des espaces verts et naturels, c’est aussi une véritable plaie. Projetés par les machines, les déjections peuvent tout simplement asperger les agents…
Les bons gestes à promouvoir sont donc de ramasser les excréments de son animal, de le tenir en laisse pour concentrer ses urines sur les sentiers et éviter qu’il pénètre dans des zones protégées, attiré par les dépôts de congénères peu disciplinés, et enfin bien sûr de respecter la réglementation sur les sites interdits aux chiens.