© P.-A. Rault

Prenez garde, avec le retour des premiers redoux et de l’humidité, les crapauds, grenouilles, tritons et autres amphibiens vont entamer leur migration.

Leur mode de vie biphasique les oblige à se déplacer de leur lieu d’hibernation (bois, haies, fourrées, …) vers les sites de reproduction (mares, étangs, lavoirs, etc.) et vice-versa. C’est justement la migration prénuptiale qui est la plus spectaculaire car elle peut être davantage concentrée dans le temps en fonction des espèces : tout le monde cherche à rejoindre une mare au même moment. Gare aux populations qui voient leur trajet coupé par une route…

En effet, les amphibiens sont les vertébrés les plus touchés par les écrasements routiers, représentant jusqu’à 93 % des cadavres récoltés. Cela représente en France, 25 à 50 millions d’amphibiens selon un rapport du CEREMA (2019). Les espèces les plus touchées sont généralement la Salamandre tachetée et le Crapaud épineux. Ce dernier peut parcourir plusieurs kilomètres durant sa migration mais il ne lui faut pas moins de 15 à 20 minutes pour traverser une route de 7 m de large.

 

Solutions

La plupart du temps, aucun aménagement n’est conçu. La prévention auprès des usagers de la route avec la mise en place de panneaux routiers permet d’accroitre leur vigilance. Idéalement, une campagne d’information doit être menée en parallèle pour expliquer la migration des amphibiens.

Certains dispositifs existent pour permettre le déplacement en sécurité des amphibiens et leur éviter d’accéder à la chaussée. C’est dans cette optique que les crapaudromes et les crapauducs ont été conçus dès les années 1970. Les crapaudromes sont des systèmes temporaires de barrières-pièges érigés le long des routes en hiver. La barrière empêche les amphibiens d’accéder à la route et les guide vers les pièges, typiquement des seaux, où ils sont capturés. Le crapauduc, quant à lui, est une structure pérenne ou semi-pérenne pour laquelle la barrière reste ou non en place toute l’année et guide les amphibiens vers des passages souterrains leur permettant de traverser la route à leur guise.

Dans de rares cas, les routes peuvent être fermées temporairement le temps de la migration. Cette mesure est plus efficace mais également plus contraignante pour les automobilistes.

Dans tous les cas, le choix d’un dispositif doit être étudié au préalable afin d’être le plus efficace possible et de convenir au plus grand nombre.

 

A vous de jouer

Vos observations permettront de connaitre les tronçons de route les plus empruntés par les amphibiens. Si beaucoup de données sont recensées sur une même zone, cela pourra justifier l’intérêt d’une étude et peut être d’aménagements en faveur des amphibiens. Parlez en également à vos proches, voisins, élus afin de les sensibiliser sur les menaces qui pèsent sur ce groupe et aux actions visant leur préservation.

Alors n’hésitez plus à nous transmettre vos observations et surtout pensez à lever le pied sur les routes !

 

Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de l’Observatoire herpétologique de Bretagne, financé par l’Europe, la Région Bretagne, la DREAL Bretagne et les Départements du Finistère et d’Ille-et-Vilaine.

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