Ancien ingénieur forestier et bénévole naturaliste à VivArmor Nature, Gilles Pichard nous livre un portrait nature de saison sur le Bec-croisé des sapins en Bretagne :
Oiseau de la famille des fringillidés, le Bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra) est un passereau un peu plus petit qu’un étourneau qui apprécie les peuplements de conifères bretons, principalement l’Épicéa de Sitka. L’espèce est dépendante des résineux car elle se nourrit presque exclusivement de leurs graines en les extirpant, suspendue acrobatiquement aux cônes, grâce à ses mandibules adaptées à ce régime spécifique.
La Bretagne reste cependant une base arrière pour cet oiseau lorsque les forêts montagnardes de résineux de son aire naturelle ne lui offrent plus les conditions nécessaires, par exemple lors de grands froids ou de mauvaises années de fructification. C’est ainsi que le GEOCA fait état d’observations en 1986, 1990, 1993, 1997, 2001 à 2005, 2010 et 2012.
Mes premières données de forestier de terrain sont plus anciennes et remontent à l’automne 1983 dans des pessières de l’ouest Ille-et-Vilaine et du centre Côtes d’Armor. Après quoi, je note l’espèce chaque année dans les 4 départements bretons, avec des fréquences et des nombres d’individus très variables.
Il faut dire qu’en dehors de ses bruyants déplacements grégaires, l’oiseau au nourrissage est discret (malgré le plumage rouge orangé vif du mâle de la photo) car les cônes fructifères des Épicéas et des Douglas forestiers sont positionnés en partie sommitale d’arbres de grande taille, ce qui ne facilite pas le repérage surtout sous peuplements denses.
Lors de mes premiers contacts avec cette espèce à l’automne 1983, ce sont majoritairement des individus immatures qui composaient les groupes visiteurs. On peut donc supposer qu’une forte réussite de reproduction cette année-la ait poussé jusqu’à la péninsule armoricaine cette jeune génération qui y a découvert des conditions propices.
Par la suite, la fréquentation régulière de cet oiseau dans la région pratiquement tout au long de l’année parfois comme en 1986, 1990 et 2000, laisse supposer quelques cas possibles de reproduction bien qu’ils demeurent anecdotiques et peu documentés.
Quoi qu’il en soit, l’espèce est devenue coutumière de nos pessières.
Si vous aussi voulez avoir le plaisir d’observer des Becs-croisés, familiarisez vous avec les cris sonores émis par les petits groupes en déplacement (notez par ailleurs leur vol onduleux propre à leur famille), recherchez des indices de présence tels que des cônes encore verts tombés au sol avec des écailles fendues longitudinalement par le cisaillement du bec et observez plus particulièrement depuis les lisières et les clairières la cime dégagée des grands conifères.
N’hésitez pas à nous transmettre vos observations.
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