Ploufragan, le 14 août 2024

Créée en 1974, l’association VivArmor Nature est le fruit d’une mobilisation citoyenne : un groupe de professeurs de biologie et de naturalistes s’est en effet mobilisé pour sensibiliser les habitants et les élus à la présence d’un patrimoine naturel rare et sensible en baie de Saint-Brieuc, une démarche au long cours qui a abouti à la création de la Réserve naturelle nationale de la baie de Saint-Brieuc en 1998. Aujourd’hui, quatre salariés et 150 bénévoles de l’association agissent au quotidien pour protéger cet espace naturel d’exception.

L’association souhaite réagir aux différents propos diffusés ces dernières semaines au sujet des algues vertes dans la baie de Saint-Brieuc.

Chaque été, à plusieurs reprises, une partie de la presqu’île d’Hillion est envahie par une odeur putride en raison de la décomposition des ulves, y compris parfois à plusieurs centaines de mètres du rivage.
Chacun comprend le ras le bol des habitants et nous nous y associons. Qui voudrait vivre dans une commune littorale dont les plages sont fermées pour raison sanitaire et où l’air est irrespirable ?

En première ligne et également victime de cette situation, VivArmor Nature s’interroge sur les propos des autorités locales ciblant la réserve naturelle comme étant à l’origine du problème.

Contrairement à ce qui est véhiculé par certains discours, la réserve ne s’est jamais opposée à la collecte des algues vertes comme solution curative. Ceci à la condition que soient respectées les mesures de protection de cet espace à préserver.
Le personnel de VivArmor Nature est associé aux tests en cours pour la collecte des algues en mer, et reste dans l’attente des résultats de cette expérimentation lancée fin 2021. D’autres solutions de collecte des algues par pompage sont actuellement à l’étude en collaboration avec le CEDRE à Brest, ainsi que l’expérimentation de nouvelles machines avec l’agglomération de Saint-Brieuc.

Au-delà des actions curatives, il faut agir à la source. VivArmor Nature a toujours milité et reste en attente d’actions préventives et efficientes pour endiguer le phénomène des marées vertes apparues dans la baie il y a près de 50 ans.

Le fonctionnement de l’écosystème se trouve en effet perturbé depuis longtemps par le développement d’un modèle économique et social dominant en Bretagne basé sur la production intensive agricole.  Ceci s’est fait sans tenir compte des effets sur l’environnement.

Les plans de lutte contre la prolifération des ulves en Bretagne, s’ils ont permis quelques avancées, se sont avérés inefficaces au vu des quantités d’algues vertes en échouage, malgré les 243 millions d’euros publics dépensés depuis 2010.

Nous saluons les 8% d’agriculteurs installés en baie de Saint-Brieuc qui se sont portés volontaires pour mettre en place des mesures environnementales afin de réduire les flux d’azote sur 15% de la surface agricole utile. Cependant 100% des eaux des bassins versants finissent dans la baie…

VivArmor Nature appelle donc à une mobilisation la plus large possible pour accompagner les acteurs socio-économiques de Bretagne vers un modèle permettant une production agricole suffisante, économiquement viable, respectueuse de l’emploi et de l’environnement.

Malgré la récurrence des marées vertes, les études scientifiques montrent que la baie de Saint-Brieuc n’est pas morte. Elle constitue toujours une zone très favorable à la biodiversité. Les 35 000 oiseaux hivernants qui s’y reposent et s’y alimentent, attestent de l’importance de la réserve naturelle, reconnue comme une zone littorale d’intérêt international.

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