Communiqué d’Eau & Rivières de Bretagne du 26 janvier 2024 :
Alors qu’une partie du monde paysan se mobilise pour « des mesures concrètes », Eau & Rivières appelle les agricultrices et agriculteurs à ne pas se tromper de cible. C’est bien le modèle dans lequel ils sont englués qui les asphyxie, pas l’écologie ou les normes environnementales.
Charges en hausse, normes contraignantes, prix bas, pressions de l’agro-industrie, concurrence inéquitable, négociations insatisfaisantes avec la grande distribution. Les motifs de la colère des agriculteurs mobilisés partout en France, s’ils sont légitimes, ne doivent pas les empêcher de se questionner sur les causes réelles de la crise qu’ils traversent.
L’actuelle mobilisation, qui existe également en Europe (Pologne, Allemagne, Pays-Bas…), révèle l’impasse de ce mode de production capitalistique. Nous constatons que le gouvernement, qui a visiblement peur, laisse totalement faire les blocages et dégradations, là où les militant.es des mouvement sociaux et écologistes sont habituellement violemment réprimés.
« Nous allons droit dans le mur avec un système qui menace le climat »
« Nous le disons depuis bientôt quarante ans : le modèle agro-industriel court à sa perte. Nous allons droit dans le mur avec un système qui menace le climat, pollue la nature et détruit ceux qui la travaillent. Nous avons besoin d’une agriculture du vivant, régénérative », analyse Jean Peuzin, d’Eau & Rivières de Bretagne.
« Notre région n’a pas besoin de nourrir le monde. Les agriculteurs bretons sont capables, en respectant la biodiversité, de garantir le fameux principe de souveraineté alimentaire en n’étant pas dépendants des importations d’énergie et de soja. Encore faut-il leur en donner le cap et les moyens », renchérit Estelle Le Guern, chargée de mission agriculture & eau.
“Il ne faut pas moins d’Europe”
Quid des normes environnementales ? « Heureusement pour la nature qu’elles existent ! L’Union européenne est la seule institution qui a pu faire avancer la protection de l’environnement. 80% du droit national est la transcription de règles européennes qui s’imposent à tous les États membres et nous protège du dumping environnemental. Sans doute faudrait-il plus de simplicité. Il ne faut pas moins d’Europe mais une Politique agricole commune rénovée pour accompagner la transition agro-écologique”, ajoute Arnaud Clugery, porte-parole de l’association.
Une récente victoire pour les agriculteurs, obtenue par Eau & Rivières et ses partenaires
Aujourd’hui comme hier, Eau & Rivières promeut donc l’accompagnement, dans la durée, des agriculteurs et agricultrices qui souhaitent changer de modèle : agriculture biologique, systèmes herbagers, productions animales liées au sol.
De cet engagement témoigne la récente victoire que nous partageons avec nos partenaires pour un financement des Mesures agro environnementales et climatiques (MAEC) qui permettent d’honorer les contrats signés en 2023 et d’amplifier cette dynamique essentielle pour la transition de l’agriculture bretonne.