Depuis les années 70, une partie de la population hivernante de Tadorne de Belon (Tadorna tadorna) se reproduit et utilise comme site d’élevage le fond de baie de Saint-Brieuc, majoritairement compris dans le périmètre de la Réserve naturelle. Une première étude a été réalisée en 2006 par Viviane Troadec, permettant de dénombrer les couples cantonnés, les poussins en élevage sur le site et d’avérer la présence de plusieurs sites de nidification certains dans les falaises périphériques de la réserve. Une seconde étude en 2011 complète le travail mené en 2006 et confirme l’intérêt de la baie pour l’espèce : alimentation, nidification et élevage des jeunes. Un nouveau travail en 2021, appuyé par la disponibilité croissante de données opportunistes, permet de faire un bilan de l’utilisation du site par le Tadorne de Belon, d’identifier les éventuels changements intervenus depuis 2006 et de proposer des suites pour la gestion future du site. En voici le résumé.
En 2021, 39 couples cantonnés ont été identifié, 14 familles d’un total de 105 poussins ont été élevés sur la baie, pour 82 jeunes à l’envol fin juillet. Le fond de baie de Saint-Brieuc a une responsabilité départementale vis-à-vis de la population hivernante (14.93% des effectifs) et reproductrice (14% des couples reproducteurs). 51 terriers ont été identifiés, majoritairement à plus de 5m de hauteur sur des falaises de limon, peu végétalisés mais dissimulés. Les zones d’alimentation et d’élevage sont concentrées autour des filières et des vasières. Depuis 2006 : les effectifs (couples, poussins, juvéniles) ont fortement varié et 2021 est une année de reproduction importante, similaire à 2006 ; à l’inverse de Frontreven, les couples se sont concentrés dans l’estuaire du Gouessant ; Frontreven est resté la zone principale d’élevage, le long de l’Urne ; l’aval du port du Légué est devenu une zone d’élevage importante ; l’envasement du Valais en a fait un secteur d’alimentation et d’élevage.
L’espèce modifie sa répartition selon les dynamiques des milieux utilisés au cours de temps courts (marée) et longs (déplacement des filières, envasements sectorisés). Des facteurs interdépendants conditionnent le succès reproducteur, non quantifiable précisément (dissimulation, densité, sex-ratio, prédation, météorologie, dérangement). L’extension de la zone de protection renforcée à l’intégralité des zones d’élevage ainsi que l’intégration des falaises de nidification au périmètre de la réserve contribuerait à la meilleure préservation de la majorité du cycle de vie de l’espèce.
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Photo de couverture : Dominique Halleux