Ce jeudi 2 juillet 2020, la préfète d’Ille-et-Vilaine doit annoncer la mise en place d’un « observatoire départemental de l’agribashing ». La Fédération Bretagne Nature Environnement (FBNE)* et l’ensemble de ses associations membres, dont VivArmor Nature, dénoncent la collusion et le manque d’objectivité à l’origine d’un tel projet, qui s’inscrit dans la droite ligne de la cellule DEMETER, dont la dissolution a été demandée par 27 associations en février dernier**.
Le monde associatif exclu de l’Observatoire
Cet « observatoire de l’agribashing » doit réunir la chambre départementale d’agriculture, les syndicats agricoles représentatifs (FDSEA, Jeunes agriculteurs, Confédération paysanne, Coordination rurale), les représentants du secteur agroalimentaire (ABEA, UGPVB) ainsi que les services de l’État (DDTM, DDCSPP, police et gendarmerie).
Force est de constater que le monde associatif est, bien malgré lui, prié de ne pas rejoindre la table des discussions et que l’expertise de nos associations sur la question agricole ne pourra certainement pas y être entendue.
Nous remettons donc en cause l’impartialité et l’objectivité des débats et des solutions pouvant être discutées et apportées par cet « observatoire ».
Collusion à grande échelle
L’annonce de la mise en place de cet « observatoire » aura lieu au sein même de l’exploitation agricole du président de la chambre départementale d’agriculture d’Ille-et-Vilaine, illustrant parfaitement les liens douteux entre les représentants politiques départementaux et ces instances de promotion et diffusion d’un modèle agricole intensif et dévastateur.
Nous notons, en outre, que cette annonce fait suite à la nomination de Thierry Merret***, en tant que personnalité qualifiée au CESER de Bretagne, par nulle autre que la préfète elle-même : un autre geste éloquent, significatif, à l’égard et en faveur du système agricole conventionnel et de ses fervents défenseurs.
Nous dénonçons fermement le manque de transparence et la complicité coupable de la Préfecture d’Ille-et-Vilaine qui appuie avec force la mise en place d’un tel projet, lequel ne peut objectivement être considéré comme une priorité départementale.
« Agribashing » : la menace fantôme
La mise en place de ce projet est en lien direct avec son expression nationale, la cellule DEMETER, projet gouvernemental déjà dénoncé par nos associations il y a tout juste quatre mois de cela. En effet, un objectif concret de cet « observatoire » est la constitution d’une base de données permettant une remontée d’informations vers la cellule DEMETER.
Les actions portées par nos associations s’inscrivent dans le respect du droit pour la défense de l’intérêt général.
La criminalisation d’actions associatives, assimilées à un agribashing, est en contradiction formelle avec le principe de liberté d’opinion.
Que dire des intimidations faites auprès de nos militants associatifs ? Des dégradations faites au niveau des locaux de nos associations ? Du droit environnemental bafoué d’un revers de la main, sous prétexte que nous ne sommes « que » des lanceurs d’alertes, parfois traités d’écolo-terroristes… Peut-être que Madame la Préfète pourrait créer un « observatoire de l’écolo-bashing » ?
C’est pourquoi nous ne pouvons que dénoncer un système agricole intensif qui aliène et dégrade autant qu’il bloque tout dialogue, dont la cellule DEMETER et ce nouvel observatoire sont la nouvelle expression.
Contact presse : Marie-Pascale Deleume, vice présidente FBNE | 06 78 25 77 11
Benoît Bronique, coordinateur fédéral FBNE | 06 49 21 47 19
*FBNE fédère les associations de protection de la nature bretonne, fondée par Bretagne Vivante, CoBEN, Eau et Rivières de Bretagne, Groupe Mammalogique Breton, UMIVEM, VivArmor Nature – Relais de France Nature Environnement.
**Communiqué de presse du 28 février 2020.
***Thierry Merret est ancien président de la FDSEA Finistère, actuellement administrateur à la FNSEA.
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